Nous démarrons la publication d’une grande série d’interviews de médiateur numérique en bibliothèque ou hors bibliothèque.
Les enjeux de la démarche étaient de recueillir des données factuelles permettant de dégager de grandes tendances en termes de compétences et de types d’accompagnements des usages dans des contextes pluriels.
Avant de commencer, on se posait quelques questions comme : Y-a-t-il des différences dans la façon d’aborder l’inclusion numérique en et hors bibliothèque ? Des lignes claires se dégagent-elles dans le positionnement professionnel ? Les différents médiateurs numériques connaissent-ils leurs champs d’intervention réciproques quand ils n’évoluent pas dans le même contexte?
L’enquête nous apporte des réponses que l’on vous livrera d’ici quelques semaines.
Dans l’attente, on vous propose la publication d’une série de portraits.
Personne interviewée : Valérie Torino Poste occupé : Médiatrice numérique et Responsable intérim du Pôle numérique Etablissement : Médiathèque Jean-Jacques Rousseau de Chambéry |
- Quel est votre parcours d’études ?
DEUG Anglais-Allemand Université de lettres de Nantes, DUT métiers du livre à Grenoble
- Quel est votre parcours professionnel ?
Professeur de claquettes, Bibliothécaire, Médiatrice numérique, Responsable d’équipe de médiateurs numériques.
- Vous sentez-vous légitime aujourd’hui dans le domaine de la médnum ?
Forte de mon expérience de médiatrice numérique depuis une douzaine d’années, je me sens à ma place pour accompagner les apprenants dans l’acquisition des bases du numérique.
- Pour vous, quelles sont les missions d’un médiateur numérique ? que mettez-vous dans votre périmètre, et que mettez-vous-en dehors ? La question « de faire avec » versus « faire à la place de » se pose-t-elle fréquemment ?
Rassurance des usagers, Accompagnement, Médiation
La limite entre « faire à la place de… » et « faire avec… » est au cœur de nos journées de médiation. Un vrai dilemme qui me bouscule constamment.
- En tant que médiateur numérique, quelle est votre place dans votre équipe / service ? Quels liens sont tissés entre votre activité et celle de vos collègues ? Quelles compétences sont déjà partagées ? Quelles compétences mériteraient d’être davantage croisées ?
Je suis actuellement responsable d’une équipe de médiateurs et conseillers numériques. Nous formons le public de la médiathèque. Nous intervenons également auprès de nos collègues. En effet, j’interviens aussi auprès des collègues de la collectivité (agents d’accueil de mairies de quartier, petite enfance…). J’organise une fois tous les 2 mois des réunions d’équipe pour transmettre de l’information avec un temps d’échanges de pratiques/tips entre collègues.
Nous comptons tous les uns sur les autres pour monter en compétence dans ce domaine en perpétuelle évolution. La pédagogie reste néanmoins la compétence la plus utile dans ce type d’accompagnement.
- Selon vous, dans les années qui viennent, comment va évoluer la médnum et le métier de médiateur numérique en bibliothèque ?
Les bibliothèques sont les seuls lieux où l’on peut venir se former et s’informer tout en ayant accès à du matériel et du wifi, et ce, gratuitement ! Nous savons que les bibliothèques font partie des lieux très prisés pour ce type de services. Nous avons à cœur de développer notre catalogue de formations/animations en direction des adultes mais aussi de la jeunesse.
-> L’acculturation numérique est au cœur de nos missions. Nous pouvons déjà constater que notre établissement devient un lieu de référence au sein de la collectivité et que les autres services municipaux ont compris que nous pouvions être un relais incontournable sur les questions d’accompagnement numérique de la population.
- Quel type de public vient vous voir, et quel est son besoin, quelles sont ses demandes ?
Nous avons des personnes totalement autonomes sur les outils numériques qui viennent juste utiliser nos ordinateurs et/ou notre wifi.
Nous avons également des personnes en fracture numérique qui viennent pour une aide ponctuelle sur une démarche administrative.
Plusieurs fois par semaine, nous formons des groupes aux bases du numérique pour leur apprendre à trouver de l’information sur le Net, créer et utiliser une messagerie électronique….
Nous animons des ateliers jeunesse enfants / ados pour les sensibiliser aux bonnes pratiques sur ordinateurs et tablettes.
Nous faisons appel à des intervenants extérieurs pour proposer des temps d’échange sur des sujets comme la cyber sécurité, l’intelligence artificielle…
Chaque année nous accueillons une install party avec une association chambérienne œuvrant pour la promotion des logiciels libres.
- Sur quels matériels et logiciels intervenez-vous (ceux du public, ceux de la bibliothèque, les vôtres) ?
Tous nos PC publics tournent sous Linux. Nos tablettes sous Android. Nous intervenons également sur le matériel personnel des usagers avec leur accord. J’avoue que j’ai dû parfois utiliser mon propre smartphone pour dépanner un lecteur.
- Avez-vous les moyens de faire votre travail de médiateur (matériels adaptés, réseau Wi-Fi accessible, accès possible aux sites les plus fréquents, etc.) ?
Oui pour tout.
- Quel est votre rayon d’action géographique ?
L’agglomération chambérienne
- Intervenez-vous dans des actions de médiation autres que numériques ?
Oui je mène des journées de formation à l’amélioration de l’accueil et du bien-être au travail.
- Si vous avez été médiateur numérique en dehors des bibliothèques : quelles sont les différences ?
Je suis régulièrement intervenue en « maison de retraite », Je ne faisais dans ce cas que de l’individuel.
Ce public n’est pas forcément totalement déconnecté et j’ai eu bien des surprises. Mon premier job était de les rassurer, et ça, c’est pour tous les types de publics. Je devais juste parler plus lentement ….et un peu plus fort 😉
- Avant d’y travailler, fréquentiez-vous des bibliothèques ?
- Si oui, pour quels services ?
Pendant mes études j’allais travailler à la BU. Juste à la fin de celles-ci j’ai eu mon poste en Bibliothèque municipale, je n’ai donc jamais quitté le monde des bibliothèques.
Aujourd’hui avec tous les services en ligne, les ressources électroniques disponibles sur les portails des bibliothèques, j’aurais besoin de journées de plus de 24h pour avoir le temps de lire, regarder et écouter tout ce qui m’intéresse !