Touch board ou Makey Makey ?
L’utilisation de la carte électronique Touch Board se développe en bibliothèque. Dans le même esprit que la carte Makey Makey, déjà largement adoptée, cette technologie propose de transformer, au moyen de la conduction, un certain nombre d’objets en source de sons et de mélodies. Contrairement au Makey Makey, la Touch Board ne propose pas de jouer à des jeux : elle se concentre uniquement sur l’aspect sonore.
Une furtive vidéo vaut mieux que mille discours :
Cette carte dispose par contre d’un avantage très intéressant : elle est, au besoin, totalement autonome. Là où le Makey Makey demande à être branché à un ordinateur pour être utilisé (pour faire de la musique sur Scratch ou jouer à un jeu vidéo avec de la pâte à modeler par exemple), la Touch Board peut se suffire à elle-même grâce à son slot de batterie et à son lecteur de micro-SD.
Ce que cela signifie en pratique, c’est que l’on peut imaginer de mettre en place une exposition de planches de BD sonores, réalisées au préalable avec le public. On mettra les planches dans des cadres sans verre, on accrochera la Touch Board, sa batterie et son enceinte sur le mur ou on les posera simplement sur un socle. La seule contrainte sera de recharger les enceintes régulièrement car elles ne disposent pas d’une très grande autonomie.
Cela semble logique mais les nouvelles technologies échappant parfois à toute forme de cohérence, la précision me semble utile : ce qui fonctionne en conduction avec le Makey Makey fonctionne avec la Touch Board.
Dans le kit fourni à l’achat figure un pot de peinture conductrice, très pratique pour se lancer dans de premiers projets, même si elle sèche très vite (un peu d’eau permet de remédier à ça sans casser la conductivité). Une fois le pot terminé on peut assez facilement trouver de la peinture conductrice dans les boutiques spécialisées. Au-delà de ça, les éponges, la pâte à modeler (pas toutes, ai-je pu malheureusement constater… je ne suis pas parvenu à trouver de documentation précise sur le sujet, ce que je suis en mesure de dire c’est que les blocs Giotto ne fonctionnent pas, la Play-Doh oui) le cuivre, le papier aluminium, le fil de fer sont des exemples classiques d’objets conducteurs et intéressants à utiliser en atelier.
Comment ça marche ?
La Touch Board propose donc d’intégrer des sons dans une carte micro-SD. Ladite micro-SD contient 10 plages, intitulées « TRACK000 », « TRACK001 » etc jusqu’à « TRACK009 ». Ces 10 plages peuvent être chacune reliées à une pince crocodile, à un objet. Pour intégrer un son, il suffit de le nommer selon la plage où l’on souhaite le situer. Un cri d’éléphant devra s’intituler « TRACK000 » au format mp3 et ira remplacer l’ancienne « TRACK000 » sur la micro-SD.
Pour trouver ces sons, on peut se rendre sur des banques sonores gratuites sur internet, par exemple sur la Sonothèque de Joseph Sardin qui est une excellente source.
Ou…
On peut s’inspirer notamment des vidéos de Joseph Sardin et son tout aussi excellent Labo du Bruiteur pour créer des sons soi-même !
Et en bibliothèque ?
C’est ce que nous avons souhaité faire à la bibliothèque, alors que nous réfléchissions à un accueil de classe qui conjuguerait conte, créativité et pratiques numériques.
Le format est le suivant : nous accueillons, à deux bibliothécaires, une classe entière de CE1, CE2 (on peut descendre au CP pour ce format et remonter bien au-delà du CM2 en adaptant un peu le principe). Nous évoquons le thème du jour : les créatures fantastiques. Après une petite introduction sur ce que peut bien être un animal fantastique, nous présentons le programme : la classe va se séparer en deux groupes avant de se retrouver à la fin pour la lecture d’une histoire. Pendant cette histoire, les enfants vont pouvoir lancer des bruitages qu’ils auront réalisés eux-mêmes.
Un premier groupe va réaliser une chasse au trésor : celle-ci repose sur les cartes en réalité augmentée du Club des créatures mystérieuses. Nous donnons des plans aux enfants qui indiquent l’emplacement des cartes dans l’espace Jeunesse. Lorsqu’ils trouvent les cartes, ils peuvent les scanner sur la tablette prévue à cet effet et découvrir des animaux du folklore.
Pendant ce temps l’autre groupe se rend au stand de création sonore. On leur présente le principe du bruitage avec l’exemple de Star Wars (Chewbacca dont le cri provient d’un mix d’ours, de lion et de chien). À partir de là, on explique que de nombreux bruitages sont réalisés à partir d’objets du quotidien. Le meilleur exemple est celui du galop de cheval, difficile à enregistrer en vrai car il faut pouvoir suivre le cheval et avoir un micro d’une très bonne qualité. On va préférer le faire avec une noix de coco coupée en deux. C’est exactement ce qui va se passer durant cette séance : les enfants vont créer les bruitages d’un conte avec tout et n’importe quoi !
Nous avons la chance de disposer d’une table de mixage et de micros de qualité professionnelle pour la production sonore, mais cet atelier est tout à fait réalisable sans table de mixage, avec un micro très simple, une tablette ou un smartphone pour enregistrer. Le micro et la table participent surtout à un effet « Waouh » pour les enfants, auquel je suis attaché. Mais attention le micro peut aussi intimider.
Le matériel nécessaire pour cette classe est celui-ci :
- Au moins 2 plans de cachettes distincts pour la chasse au trésor
- 25 cartes à trouver (fournies avec l’application)
- Tablette avec l’application « Club des créatures Découverte » pour lire les cartes
- Touch Board + câble d’alimentation + enceinte + pinces crocodiles
- 2 feuilles A4 avec peinture conductrice pour lecture des sons et un crayon pour noter à quoi correspond chaque slot
- Petit matériel de bruitage
- Micro ou tablettes, smartphone pour le son
- Ordinateur portable + casque au besoin + logiciel Audacity au besoin
- Table de mixage au besoin
- Adaptateur SD (fourni avec le kit Touch Board)
- Livre(s) pour histoire(s) finale(s)
Avec une table de mixage, un micro et Audacity, on peut proposer un temps sur le montage audio, la retouche, les cuts, boucles etc*. On n’aura plus qu’à enregistrer les sons directement sur la micro-SD au moyen de l’adaptateur SD.
Sans table de mixage ni micro, on peut gagner du temps d’un côté car on ne fait pas de montage, mais il faudra transférer le son depuis la tablette/le smartphone jusqu’à la carte micro-SD, ce qui prendra un peu plus de temps et nécessitera sans doute un PC portable comme intermédiaire. Celui-ci est de toute façon utile puisqu’il servira d’alimentation à la Touch Board si l’on ne dispose pas d’une batterie externe ou d’une prise à proximité.
Une fois les sons ajoutés à la carte, il convient de la relier au support qui permettra de jouer les sons. Dans notre cas, ce sont deux feuilles A4 sur lesquelles sont ajoutées des formes basiques à l’encre conductrice et, au-dessus de chaque forme, un post-it indiquant le contenu du son. On place une pince crocodile par son et on veille, bien sûr, à ce que les pinces relient les bons noms avec les bons sons.
On peut imaginer des supports bien plus élaborés et/ou jolis pour jouer nos sons. Je n’ai rien d’un artiste plasticien et s’il fallait en retirer un petit avantage, c’est probablement celui de dédramatiser le processus créatif pour les enfants et adultes concernés par mes ateliers 😉
On n’oublie pas de brancher l’alimentation de la Touch Board ainsi que sa mini enceinte (préalablement rechargée donc). À partir de là, il ne reste qu’à désigner deux enfants qui se concentreront sur le lancement des sons pendant l’histoire (le « pataclop » à base de demi-noix de coco quand Pégase s’élance sur la colline avant de s’envoler ; le bruit de l’envol, ensuite, réalisé avec des gants…) et c’est parti pour la restitution !
Trucs & astuces :
* Pour les sons les plus étouffés, difficilement audibles, il sera nécessaire de faire une petite manipulation. Dans Audacity, on sélectionne la piste en double cliquant dessus, on choisit « Effect » dans le menu, puis « Normaliser ». Les réglages sont normalement définis à 0, il n’est pas nécessaire d’y retoucher, ils suffiront à augmenter la piste.
Si ce n’est pas le cas, c’est probablement qu’un pic figure sur votre piste (un coup mis dans le micro à un moment donné par exemple) et qu’il faut le supprimer avant d’utiliser « Normaliser ». On sélectionne simplement le ou les pic(s) en question et on supprime avec la touche Suppr. En cas d’erreur, le précieux CTRL + Z rétablira le son coupé.
Pour en savoir plus :
Découvrez d’autres idées avec la carte Touch Board
La fiche d’activité de la Bibliothèque Départementale de la Marne : https://bdm.marne.fr/images/03_action_culturelle/Numerique/Fiche_activits_touch_board.pdf